Depuis la sortie du tout premier Iron Man, Marvel, plus tard aidé de Disney, a bâti un empire cinématographique dont Avengers: Infinity War est le point culminant.
Le 25 avril 2018, Marvel et Disney prennent date : ce jour-là, l’ambitieux Avengers : Infinity War sort dans nos salles. Et c’est peu dire que les enjeux sont élevés : pour les deux géants, qui inondent les cinémas de super-héros depuis plusieurs années, battant record sur record, il s’agit d’un point culminant. Le film-somme, qui réunit toutes les figures découvertes et croisées dans une dizaine de blockbusters réalisés à un rythme fulgurant ces dix dernières années, représente un aboutissement. Le début de la fin d’un cycle qui se conclura avec Avengers 4 — dont le titre reste encore inconnu aujourd’hui.
Pour la division cinéma de Marvel, Avengers : Infinity War, 400 millions de dollars de budget au compteur, est aussi une réussite marketing alors que la maison d’édition avait d’abord dispatché les droits d’adaptation entre plusieurs majors. Une décision qui nous prive, par exemple, de voir les X-Men dans les Avengers et qui a forcé une association avec Sony Pictures pour que Spider-Man puisse s’ajouter à l’immense fête.
Ceci étant, Avengers : Infinity War ne signera pas la fin du MCU — Marvel Cinematic Universe. Bien au contraire. Récemment, Kevin Feige rappelait, dans les colonnes de Vanity Fair, « Il y aura deux périodes distinctes, avant et après Avengers 4 […]. Nous avons encore une vingtaine de films dans les tuyaux et ils seront totalement différents de ce qui a été fait jusqu’à présent ». Cependant, il représentera l’aboutissement d’une entreprise amorcée il y a déjà dix ans avec la sortie d’Iron Man. Elle a été nourrie par une ribambelle de longs métrages fortement liés entre eux, que ce soit via des scènes post-générique ou en convergeant vers un film-somme. Une mécanique tirée des comics et appliquée avec brio au cinéma.
IRON MAN (JON FAVREAU, 2008)
En 2008, les films de super-héros avaient déjà fait leur trou dans les salles obscures, que ce soit une réussite (les deux premiers Batman de Nolan, les X-Men de Bryan Singer pour ne citer qu’eux) ou un échec artistique risible (Ghost Rider, Les Quatre Fantastiques). À cette époque, Marvel s’associe à Paramount pour s’affirmer dans le Septième Art et reprendre le contrôle. Il choisit Jon Favreau, un yes-man, pour faire découvrir Iron Man, qui n’est pas le super-héros le plus connu, au grand public. Porté par un Robert Downey Jr. en mode renaissance, le blockbuster est une belle surprise. La première pierre est alors posée.
Combien a-t-il rapporté ? 585 millions de dollars.
L’INCROYABLE HULK (LOUIS LETERRIER, 2008)
Si L’Incroyable Hulk fait bel et bien partie du MCU, on aurait tendance à l’oublier pour la simple et bonne raison qu’Edward Norton, interprète de Bruce Banner/Hulk, a décidé d’arrêter les frais après le tournage. Ce qui a conduit Marvel à trouver un remplaçant en la personne de Mark Ruffalo. Officiellement, Edward Norton confie avoir fait le tour du sujet : « J’ai le sentiment que j’ai expérimenté ce que je voulais. Je suis très heureux d’avoir participé à un film de Marvel mais j’ai refusé de continuer car je voulais plus de diversité dans mes rôles ». Officieusement, il se murmurait à l’époque qu’il y avait aussi une question d’argent. Dommage : Edward Norton faisait un Hulk convaincant.
Combien a-t-il rapporté ? 263 millions de dollars.
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IRON MAN 2 (JON FAVREAU, 2010)
Toujours associé à Paramount, Marvel ne perd pas de temps et s’appuie sur le succès massif d’Iron Man pour lancer une suite deux ans plus tard. Le pari s’avère gagnant : malgré un scénario plus dilué et des méchants sous-exploités, le one-man-show de Robert Downey Jr. continue de faire recette et donne confiance à Marvel.
Combien a-t-il rapporté ? 624 millions de dollars.
THOR (KENNETH BRANAGH, 2011)
Privé de ses propres licences fortes (Spider-Man, X-Men), Marvel pioche dans son fond de catalogue et introduit Thor. Cette fois, il fait le choix de confier le siège du metteur en scène à un auteur, à savoir Kenneth Branagh. En résulte une tragédie shakespearienne un peu mièvre, où Thor (Chris Hemsworth), Loki (Tom Hiddleston) et Odin (Anthony Hopkins) prennent le pas sur le reste par leur charisme : dès que l’on quitte Asgard, Thor perd clairement de sa superbe. Un film en demi-teinte.
Combien a-t-il rapporté ? 449 millions de dollars.
CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER (JOE JOHNSTON, 2011)
Comment rendre Captain America, super-héros hyper lisse, intéressant le temps d’un long métrage ? C’était la mission de Joe Johnston, naguère assistant de Steven Spielberg. Pari réussi : son Captain America : First Avenger est un film d’aventure profitant du contexte historique — et d’un vrai méchant nazi — pour s’affirmer comme l’un des meilleurs films MCU sortis à ce jour.
Combien a-t-il rapporté ? 371 millions de dollars.
AVENGERS (JOSS WHEDON, 2012)
Avengers clôture la phase initiale du MCU, c’est une première grosse pierre posée pour Marvel et un fantasme pour les fans. Comme dans les comics, Avengersrassemble nos personnages préférés dans un même film. On en retiendra avant tout les partitions de chacun — Iron Man en tête — et la bataille ultra impressionnante, visuellement, de New York. Au regard des attentes, Avengers ne déçoit pas et dépasse le milliard de dollars au box-office mondial. La planche à billets est lancée.
Combien a-t-il rapporté ? 1,5 milliard de dollars (le record du MCU).
IRON MAN 3 (SHANE BLACK, 2013)
Pour Iron Man 3, Marvel et Buena Vista prennent le risque de remplacer Jon Favreau par l’irrévérencieux Shane Black. Une bonne idée sur le papier mais qui accouche d’un film volontairement caricatural qui tranche avec les autres films de la trilogie et désamorcerait presque le portrait d’Iron Man en ridiculisant sa Némésis — une doublure du Mandarin campée par un Ben Kingsley en pleine autodérision. On cherche toujours où Shane Black a vraiment voulu en venir. « Je reçois encore des menaces de mort, vous savez », répète l’intéressé en référence à ses choix scénaristiques osés.
Combien a-t-il rapporté ? 806 millions de dollars.
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THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES (ALAN TAYLOR, 2013)
Thor : Le Monde des Ténèbres a la lourde tâche d’essuyer la déception de son prédécesseur. Pas une mince affaire. Mais Alan Taylor, débauché de chez Game of Thrones, applique la recette du film d’action gentillet : impressionnant par séquence, rythmé et parfois drôle. Comme la plupart de ses congénères, Thor : Le Monde des Ténèbres met un méchant oubliable en face du super-héros. C’est bof bof, mais ça continue de brasser de l’argent.
Combien a-t-il rapporté ? 645 millions de dollars.
CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER (ANTHONY ET JOE RUSSO, 2014)
Certainement pas le plus mémorable des films Marvel. La faute à un personnage dont on a déjà fait le tour et qui se montre bien plus convaincant quand il est entouré pour mieux s’affirmer comme un leader. Pire, Captain America : le Soldat de l’Hiverarpente tellement le genre de l’espionnage qu’il en oublierait presque d’être un film de super-héros.
Combien a-t-il rapporté ? 714 millions de dollars.
LES GARDIENS DE LA GALAXIE (JAMES GUNN, 2014)
Avec les Les Gardiens de la Galaxie, Marvel creuse encore plus loin dans le fond de ses tiroirs. Mais le space opera récréatif imaginé James Gunn fonctionne du tonnerre : l’œuvre est colorée, osée et va au bout des choses. Alors que les autres films tirent vers le sérieux à outrance, Les Gardiens de la Galaxie joue la carte de l’humour décomplexé, grâce à une alchimie convoquant des ingrédients en phase — la bande originale en tête.
Combien a-t-il rapporté ? 773 millions de dollars.
AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON (JOSS WHEDON, 2015)
Joss Whedon rempile pour un deuxième Avengers, avec encore plus de protagonistes à gérer. Hormis quelques moments de bravoure (l’introduction par exemple), Avengers : L’Ère d’Ultron perd l’effet de surprise de son prédécesseur et se montre même moins convaincant dans le côté grand spectacle. Et puis Ultron constitue une énième déception… Mais comme Avengers est marqué sur l’affiche, le public se précipite pour le voir.
Combien a-t-il rapporté ? 1,4 milliard de dollars.
ANT-MAN (PEYTON REED, 2015)
Dernier film de la Phase II, Ant-Man est typiquement le genre de production que l’on aimerait voir davantage — et que nous devrions voir davantage après Avengers 4. Là encore, Marvel profite de la maigre popularité du héros pour l’inscrire dans un sous-genre susceptible d’apporter un peu de variété dans son catalogue. Volontairement petit dans ses ambitions, Ant-Man se mue en film de cambriolage d’une fraîcheur bienvenue. Et sans prétention aucune.
Combien a-t-il rapporté ? 519 millions de dollars.
CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR (ANTHONY ET JOE RUSSO, 2016)
Si vous demandez à un fan des comics Marvel ce qu’est Civil War, il vous répondra sans doute que c’est l’un des chapitres les plus marquants, au nom loin d’être usurpé. Et c’est peu dire que Marvel le trahit beaucoup avec une adaptation cinématographique vidée de son essence. Au cinéma, la guerre civile des super-héros se résume en une sorte de balle aux prisonniers organisée sur un tarmac sans avion. Et à une gueguerre de principes entre Iron Man et Captain America. En bref, un ennui total doublé d’une tromperie sur la marchandise.
Combien a-t-il rapporté ? 1,2 milliard de dollars.
DOCTOR STRANGE (SCOTT DERRICKSON, 2016)
Avec Doctor Strange, Marvel prouve une nouvelle fois qu’il mise sur des stars devant plutôt que derrière la caméra. À ce titre, Benedict Cumberbatch campe un sorcier ultra puissant très convaincant. Le film, lui, ressemble à une copie de Batman Begins, donc à une introduction solide.
Combien a-t-il rapporté ? 678 millions de dollars.
LES GARDIENS DE LA GALAXIE 2 (JAMES GUNN, 2017)
On reprend les mêmes et on recommence : dans la pure continuité de son prédécesseur, Les Gardiens de la Galaxie 2 récite sa partition un peu trop par cœur. Les antihéros de James Gunn sont toujours aussi attachants mais « l’effet wahou » fonctionne beaucoup moins bien en raison d’une intrigue qui tient sur un timbre poste. L’épisode de trop. Mais sympa. Mais de trop quand même.
Combien a-t-il rapporté ? 864 millions de dollars.
SPIDER-MAN : HOMECOMING (JON WATTS, 2017)
Raccordé au MCU, Spider-Man : Homecoming reste paradoxalement une œuvre à part puisque portée par Sony Pictures, et non pas par le duo Marvel/Disney. Ceci étant, Iron Man prend quand même le temps de taper l’incruste et le Spider-Man, introduit dans Captain America : Civil War avec un pied de biche, sera dans Avengers : Infinity War. Classique dans son approche, Homecoming demeure un divertissement sympa empruntant au genre du teen movie.
Combien a-t-il rapporté ? 880 millions de dollars.
THOR : RAGNAROK (TAIKA WAITITI, 2017)
Un Thor 1 inintéressant ? Un Thor 2 un peu mieux mais peu captivant ? Eh bien voici un Thor 3 ébouriffant. Taika Waititi, loin d’être un yes-man, a trouvé comment mettre en avant Thor : avec de l’autodérision assumée — celle qui n’avait pas marché pourIron Man 3, d’ailleurs — et un coté Flash Gordon avec des couleurs ridiculement criardes et du crypto-gay. On rit beaucoup, et il n’est pas sûr que l’on revoie un Marvel comme cela de sitôt.
Combien a-t-il rapporté ? 854 millions de dollars.
BLACK PANTHER (RYAN COOGLER, 2018)
Apparu pour la première fois dans Captain America : Civil War, Black Panther bénéficie de son propre film sous la houlette de Ryan Coogler (Creed). Si on passe sur certains poncifs désobligeants, les combats illisibles et le cheminement manquant de logique, on peut louer le caractère politique du blockbuster. Si le film aurait pu être amélioré, cela ne l’empêche pas de rapporter quasiment autant que les deux premiers Avengers, et de s’affirmer comme le troisième plus gros succès du MCU.
Combien a-t-il rapporté ? 1,3 milliard de dollars.
Cet article à été publié premièrement sur Numerama